FANION & INSIGNE DE LA 1ERE ESCADRILLE

DEFINITION HERALDIQUE

"Hache dite "Hache d'A. Bordage" de gueules"
Insigne homologué sous le numéro A-1072.
Le fanion
Insigne métal
Ecusson tissu

SYMBOLIQUE

L'insigne et celui de la SAL 33, glorieuse escadrille de la Grande Guerre : une Hache à deux tranchants, venant d'un jeu de mots sur le nom du chef d'escadrille, le Capitaine A. Bordage.
En automne 1916, la venue, sur le terrain de stationnement de Morlancourt d'un avion d'une autre escadrille portant un insigne donna l'idée de choisir pour la MF 33, par un jeu de mots facile, la "Hache d'A. Bordage". Cet insigne fut peint entièrement en rouge, pour être bien visible, sur le Farman F40 de l'unité.
La dénomination "hache d'abordage" est impropre car cette hache n'est pas terminée d'un coté par un tranchant et de l'autre par une pointe, mais par deux tranchants symétriques ainsi que l'est la hache gauloise nommée aussi "francisque". C'est le lieutenant Schroeder, officier observateur, qui a eu l'idée de cet insigne.
Il faut croire cependant que le capitaine Renié, commandant de l'Aéronautique du 9ème corps d'armée, qui avait la section photo sous son autorité, était plus exigeant quant à la valeur des mots, car il fit peindre sur le camion laboratoire de l'escadrille une véritable hache d'abordage dont le manche était encadré de deux chiffres, 3 et 3.
Cette "francisque" ne fut pas sans créer quelques difficultés à ceux qui la portaient, tant à Alger en 1943 qu'en France après la libération. Revenus sur la terre de France qu'ils avaient contribué à délivrer, les aviateurs de la 33 furent accusés par des Français bien sourcilleux d'arborer l'insigne du régime de Vichy, la Francisque, qui pourtant était bien différente, puisque tricolore.

HISTORIQUE

La première guerre mondiale

L'escadrille MF 33 (MF pour Maurice Farman) est créée à Tours le 2 octobre 1914 sous le commandement du Capitaine Alfred Bordage. Le choix de l'insigne de cette escadrille est obtenu par le jeu de mots La Hache d'A. Bordage.  

D'abord équipée d'appareils Maurice Farman type 7, l'unité reçoit des MF 11 à partir de décembre 1914. Puis en mai 1915 arrivent à l'escadrille des MF 11 bis, à la motorisation plus puissante, et des MF 11 'surchargés' (équipés d'armement défensif). En mai 1916, l'équipement est uniformisé par l'attribution de MF F-40.

  En avril 1917, la Hache reçoit des Dorand AR type 1, appareils qu'elle utilisera jusqu'en décembre, les Farman étant retirés en septembre 1917.
L'escadrille passe sur Salmson 2A2 en décembre 1917, et devient la SAL 33.

Cinq citations ont récompensé cette unité au cours de la campagne de 1916 à 1918.

L'entre-deux-guerres : la Hache de guerre enterrée...

Au lendemain de l'Armistice, la SAL 33 stationne dans le Palatinat pour servir de couverture aérienne au Groupes des Armées de l'Est. Par la suite, elle participe à l'occupation de la Rhénanie en étant basée à Gonsenheim, près de Mayence. Elle devient la 3ème escadrille du 3ème Régiment d'Observation le 1er janvier 1920.

Le 1er août 1920, la SAL 33 intègre le nouveau 33ème Régiment d'Aviation dont elle devient la 15ème escadrille, rattachée au 5ème Groupe d'Observation. L'escadrille effectue alors un très important travail de reconnaissance photos sur la Ruhr au profit de la commission interalliée de contrôle des mines et des usines ; elle procède aussi, pour le compte de l'Etat-Major, à de nombreux relevés topographiques en vue de refaire les cartes de la région.

  En 1920, la SAL 33 perd ses Salmson pour des Bréguet 14 A2, eux mêmes remplacés en 1926 par des appareils plus modernes, les Bréguet 19 A2.

L'occupation de la Rhénanie s'étant achevée le 30 mai 1930, la SAL 33 suit le 33ème Régiment d'Aviation en s'installant à Nancy-Essey.

En juillet 1932, suite à la réorganisation de l'Armée de l'Air, le 33ème Régiment d'Aviation devient la 3ème Escadre de Reconnaissance. Dans ce nouveau cadre, la "Hache" devient la 3ème escadrille, pour constituer aux côtés de la 4ème escadrille "La Mouette", le 2ème Groupe de Reconnaissance, dénommé par la suite GR II/33.

Durant l'été 1939, l'escadrille de transforme progressivement sur du matériel moderne, le bimoteur de grande reconnaissance Potez 63. C'est dans cet effort de rénovation de son métériel volant que la Seconde Guerre Mondiale va surprendre l'escadrille.

La seconde guerre mondiale : la "Hache" de guerre déterrée

L'ordre de mobilisation entraîne la disparition de la 33ème Escadre de Reconnaissance en tant que telle pour laisser la place à deux groupes indépendants. A partir de ce moment, le GR II/33, sous le commandement du capitaine Schunk, se comporte de manière autonome.
Le 28 août 1939, la 3ème escadrille, la "Hache", commandée par le capitaine Laux, reçoit l'ordre de quitter le terrain de Nancy-Essey pour celui d'Étain-Rouvres, suivi dès le 31 août d'un nouveau déplacement sur le terrain de Soissons-Saconin.

A la déclaration de guerre, la "Hache" aligne 9 appareils : 7 Potez 637 et 2 Potez 542 ; ces derniers seront très vite retirés, étant totalement dépassés.  

Chargé de la reconnaissance stratégique, le GR II/33 se trouve rattaché à la Zone d'Opérations Aériennes Nord, mais, compte tenu de la neutralité de la Belgique, le groupe est très vite détaché à la Zone d'Opérations Aériennes Est, aux côtés du GR I/33. Pour faciliter son travail, le GR II/33 se déplace le 17 septembre à Orconte, un terrain situé entre Vitry-le-François et Saint-Dizier.

La guerre de stabilisation

En septembre et octobre 1939, la mission essentielle de la "Hache" consiste en la surveillance des éventuels mouvements de troupes allemandes dans le secteur situé entre les vallées du Rhin et de la Moselle.
La première mission de guerre de l'escadrille se déroule le 21 septembre 1939, avec le capitaine Laux, pilote, le sous-lieutenant Saintigny, observateur, et l'adjudant Magnin, mitrailleur. Cet équipage, sur le Potez 637 n°15, effectue le vol de 1h35 mn à 7000 m d'altitude sur le secteur de Trèves. Par la suite, les missions se déroulent quasi-quotidiennement en fonction des conditions météo.
Dès ces premiers vols à haute altitude apparaissent des problèmes de nature à limiter les possibilités opérationnelles de l'escadrille, tels que blocage des commandes, enrayage des armes de bord, panne de l'appareil photo... le tout imputable au froid. Malgré les diverses améliorations apportées, aucune solution valable ne sera trouvée à ces problèmes.
Outre la DCA traditionnelle, le danger grandissant viendra de la chasse ennemie dont l'agressivité croissante se démontre de jour en jour ; pour tenter de pallier cette menace contre laquelle l'altitude n'est plus une protection suffisante, différentes tactiques sont élaborées. La première parade réside dans l'exécution de la mission à basse altitude sous forme de reconnaissance à vue ; conduite par le Sous-Lieutenant Hochedé, la première mission de ce genre se déroule le 23 septembre 1939 en permettant de situer avec exactitude la localisation du terrain de Wittlich, une base avancée de la chasse allemande.
Le 27 septembre 1939 est effectuée la première reconnaissance de nuit qui déclenche de la part de l'adversaire un véritable feu d'artifice de faisceaux multicolores des projecteurs et des tirs traçants de toutes parts, à tel point qu'à son retour, le mitrailleur, l'adjudant Millet, déclare à qui veut l'entendre : "Allez chercher un tel feu d'artifice dans le civil ! Le Président de la République n'en a jamais eu autant... "
Pour obtenir l'effet maximum de surprise, le 30 septembre 1939, est inaugurée une nouvelle tactique : celle de la reconnaissance en vol rasant à l'aube, à l'heure où s'achèvent les mouvements de nuit, où la Flak est encore mal réveillée et où les projecteurs ne portent plus.
A partir de novembre 1939, l'effort porte principalement sur la surveillance des mouvements et des concentrations de troupes dans les parages de la frontière belgo-hollandaise avec l'Allemagne, en vue de déterminer une éventuelle volonté de l'adversaire de ne pas respecter la neutralité du Bénélux.
Le 21 novembre arrivent à l'escadrille les trois premiers nouveaux Potez 63/11, une version mieux adaptée au travail de la reconnaissance, mais qui n'apporte rien par rapport à la version précédente sur le plan de la vitesse, comparée à celle des chasseurs allemands. Il faudra attendre le 18 mars 1940, avec l'arrivée du Bloch 174, pour voir la situation de l'aviation de reconnaissance stratégique s'améliorer de manière satisfaisante.
Le 19 janvier 1940, le GR II/33 est déplacé à Athies-sous-Laon afin de lui permettre de reprendre son souffle ; il rejoint Orconte le 23 mars pour y reprendre le cours de ses missions, mais retourne à Athies-sous-Laon le 11 avril pour couvrir le secteur nord du front.
Le 16 avril 1940, la "Hache" déplore ses premières victimes en service commandé. Au retour de la 51ème mission de guerre, le Bloch 174 n°16, avec pour équipage le capitaine Laux, pilote, le sous-lieutenant Bediez, observateur, et adjudant Bagrel, mitrailleur, est attaqué par trois Messerschmitt Bf 109 au-dessus de la Belgique. Touché, il s'écrase au sol en Belgique. Bien que gravement blessé, le capitaine Laux sera le seul survivant. C'est le lieutenant Israel qui désigné comme nouveau commandant de l'escadrille.

L'arrivée de Saint-Exupéry

Après la publication, en février 1939, de son dernier roman, "Terre des Hommes", le célèbre écrivain-pilote Antoine de Saint-Exupéry aurait pu facilement tirer avantage de sa situation pour bénéficier d'un poste à l'arrière, comme par exemple au service de la propagande. À force de conviction, Saint-Exupéry obtint pourtant la possibilité de rejoindre une unité combattante de première ligne. Dès le 2 décembre 1939, il intègre l'escadrille pour y commencer sa transformation sur avion d'arme. En février 1940, il est chargé de la réception des premiers Bloch 174 pour le compte du Groupe à Bordeaux-Mérignac. C'est avec ce type d'appareil qu'il réalise sa première mission de guerre, la 42ème du Groupe, le 29 mars 1940.

La guerre de mouvement

Le 10 mai 1940, les événements se précipitent. Tout en poursuivant sa mission d'information du haut commandement, la "Hache", au gré du recul des troupes terrestres, doit changer très souvent de terrain, pour se retrouver dès le 17 mai 1940 en région parisienne, au Bourget d'abord, puis à Orly et Nangis. A vrai dire, la "Hache" se comporte de plus en plus en spectateur de la déroute française...
Le 12 mai 1940, effectuant une reconnaissance matinale à basse altitude, le Lieutenant Chéry, un officier spécialiste des chars, découvre une très forte concentration de blindés allemands arrivant sur la Meuse par les Ardennes belges. Dès son retour, il en fait rapport à l'Etat-Major qui l'écoute avec une relative incrédulité. Certes, le déclenchement de l'opération "Dyle" rendait impossible toute mesure de sauvegarde sur cette partie du front, mais toujours est-il que les prémisses de la future rupture de ce front avaient été observées par la "Hache".
Les pertes s'aggravent au fil des jours : en trois semaines, le GR II/33 perd 17 équipages de 3 hommes sur les 23 initialement engagés.

"Pilote de Guerre"

Au risque de passer dans l'oubli, Saint-Exupéry laissera à la postérité le souvenir du rôle ingrat des pilotes de grande reconnaissance au travers du récit qu'il fit de l'une de ses missions, dans l'un de ses ouvrages les plus célèbres : "Pilote de guerre". A l'origine de ce livre, l'on retrouve la 108ème mission de guerre réalisée le 23 mai 1940 sur le Bloch 174 n°24 avec Saint-Exupéry, pilote, le lieutenant Dutertre, observateur, et le sergent Mot, mitrailleur. Avec la protection de 5 Dewoitine D 520 du GC 1/3, il devait, à moyenne altitude, observer le secteur entre Amiens et Arras, pour y mesurer l'importance de la percée allemande. Avec son talent d'écrivain, Saint-Exupéry transcende le simple rapport d'opération pour en faire une oeuvre à la gloire de la reconnaissance française.

La fin et le repli

A la mi-juin 1940, la défaite française devient évidente ; aussi le souci de l'Etat-Major est-il d'assurer le repli en Afrique du Nord du maximum d'unités volantes pour y poursuivre éventuellement la lutte.
Par étapes successives, via Jonzac et Bordeaux, le GR II/33 arrive le 19 juin à Perpignan pour se préparer au grand saut. Renforcé par un Caudron Goëland et un De Havilland, le Groupe effectue la traversée le 20 juin 1940. D'autres Bloch 174 en réparation sont récupérés à Bordeaux et rejoignent l'Afrique du Nord le 21 juin, ainsi qu'un Farman 221, lui aussi récupéré à Bordeaux et piloté par Saint-Exupéry. Le 22 juin, le GR II/33 se retrouve au complet à Alger-Maison Blanche, prêt avec ses 8 Bloch 174 à poursuivre la lutte.
La signature de l'Armistice avec l'Allemagne, le 23 juin 1940, met fin à la première phase de la Seconde Guerre Mondiale.

L'attente...

La stricte application de la convention d'armistice aurait dû signifier la dissolution de la "Hache" au même titre que toute notre Armée de l'Air. Devant la "menace" anglaise sur nos territoires d'outre-mer, il fut toutefois possible de maintenir en l'état quelques unités aériennes C'est ainsi que, si le GR I/33 est dissout, le GR II/33 est maintenu en activité. Dans la seconde quinzaine de juillet 1940, la "Hache" effectue plusieurs missions de surveillance côtière en vue de déceler les mouvements de la flotte anglaise suite à l'affaire de Mers-el-Kébir. Le 26 août, l'escadrille s'installe à El Aouina, près de Tunis.
La "Hache" connaît alors une longue période de torpeur. Mettant à profit ses maigres attributions en carburant, elle poursuit l'entraînement de ses équipages. Jouant de ruse avec la commission de contrôle, la "Hache" effectue même divers vols à caractère opérationnel, pour surveiller les mouvements des flottes anglaises et italiennes en novembre 1940, et pour surveiller d'éventuels préparatifs italiens en Sicile et Sardaigne pour un débarquement en Afrique du Nord, en janvier 1941. Début 1942, quelques vols de reconnaissance sont réalisés en Tripolitaine pour y suivre le flux et le reflux des troupes italo-allemandes. Malgré divers problèmes de fourniture en pièces de rechange, la "Hache" réussit à maintenir en état de vol ses vieux Bloch 174 : début novembre, elle en aligne 7 en état de vol.
Le débarquement allié du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord met fin à l'inaction de la "Hache" en lui donnant l'occasion de reprendre la lutte.

La lutte reprend

Devant l'avance allemande en Tunisie, la "Hache" se replie en plusieurs étapes vers le sud tunisien, pour passer en Algérie et finir par s'installer à Laghouat le 6 janvier 1943. Courant mars, l'escadrille effectue plusieurs missions de bombardement en piqué et de reconnaissance sur les arrières des troupes allemandes dans le sud tunisien. Cette reprise d'une activité opérationnelle pose très vite le problème du remplacement d'un matériel vieillissant. Il est alors envisagé de transformer la "Hache" sur du matériel plus moderne, sous forme de P-38 Lightning dans leur version photo qui ne comporte aucune arme de bord.
Le 30 mars 1943, la "Hache" reçoit ses deux premiers P-38, des F-4 A (Serial Number 41-2363 et 2365) ; dès le lendemain, le capitaine Gavoille et l'adjudant-chef Henry "se lâchent" sur l'appareil. En avril 1943, trois autres Lightning sont versés à l'escadrille. Progressivement, tous les pilotes sont transformés sur le nouvel appareil.  

Le 2 mai 1943, l'escadrille reçoit l'ordre de rallier Alger-Maison Blanche pour y poursuivre son entraînement et plus particulièrement se former aux diverses missions de reconnaissance photo stratégique qui lui seront demandées par la suite. Le 28 juin, le Lieutenant Hochedé ne rentre pas d'une mission d'entraînement photo le long de la côte algérienne.
Commandée par le capitaine Gavoille, la "Hache" est intégrée au 3rd photo Group US, commandé par le colonel E. Roosevelt, le fils du Président des Etats-Unis.

Le retour de Saint-Exupéry

Début mai 1943, après de longues tribulations avec les autorités, l'écrivain-pilote, Antoine de Saint-Exupéry, rejoint l'escadrille alors basée à Oujda et se remet immédiatement à l'entraînement. Malgré la limitation d'âge imposée par les Américains pour le pilotage des P-38, Saint-Exupéry réussira à se faire lâcher sur Lightning, avec lequel il s'entraîne fin juin 1943. Il effectue sa première mission de guerre sur P-38 (le 00) le 21 juillet 1943, d'une durée de 5 h 50 mn, entre La Ciotat et Toulon. Suite à un ordre du commandement américain, Saint-Exupéry est frappé d'une interdiction de vol le 11 août 1943 pour être mis en réserve de commandement. Une fois de plus, à force de persuasion, il rejoint à nouveau la "Hache" le 16 mai 1944, alors basée à Alghero en Sardaigne, pour y poursuivre ce qu'il pensait être son devoir, c'est-à-dire participer, en payant de sa personne, à la libération du territoire national.

La Hache se met sur le sentier de la guerre

Le 1er juillet 1943, la "Hache" est déclarée opérationnelle et rejoint son premier terrain d'opérations, celui de la Marsa, près de Tunis. Le 12 juillet 1943, le capitaine Gavoille effectue la première mission de guerre de l'escadrille sur le P-38 n°307, d'une durée de 4h10 mn, à 11.700 m d'altitude, sur le sud de la France ; au retour, au large de la Sardaigne, il fait l'objet d'une interception et d'une attaque de la chasse allemande, mais réussit tout de même à rentrer de justesse à son terrain de départ. Jusqu'à fin novembre 1943, 36 missions de guerre seront effectuées, principalement sous forme de couverture aérienne (mapping) de secteurs donnés dans le sud de la France.
Au cours de l'une d'elles, le 3 novembre 1943, le lieutenant De Forson-Ney ne rentre pas avec son P-38 n°3112.

L'Italie

Afin de participer à la campagne d'Italie, la "Hache" reçoit l'ordre de s'y déplacer. Le 8 décembre 1943, l'échelon volant avec 4 P-38 rejoint son nouveau terrain de Foggia, près de San Severo. A cette époque, l'escadrille se compose de 8 officiers dont 7 pilotes, 37 sous-officiers et 10 hommes du rang. Il était prévu d'utiliser la "Hache" dans le cadre de la préparation d'une opération alliée dans les Balkans. Après la conférence de Téhéran, ce projet ayant été abandonné, priorité est donnée à la préparation d'un débarquement dans le sud de la France. Le 13 janvier 1944, la "Hache" se déplace à Pomigliano, près de Naples, où elle reste stationnée jusqu'en mai.
En janvier 1944, l'escadrille s'entraîne à une nouvelle forme de mission le "dicing", c'est-à-dire une reconnaissance photo à basse altitude pour laquelle l'équipement photo est spécialement modifié. Le 10 mars, le sous-lieutenant Puivif effectue la première mission en dicing sur la côte catalane, pour laquelle il est gêné par quatre chasseurs ennemis. Par la suite, le sous-lieutenant Puivif sera un spécialiste de ce genre de mission très dangereuse, de même que le lieutenant Ray qui ne rentre pas d'un dicing sur le port de Toulon le 21 mars 1944 avec son P-38 No 2365.
Les missions sur le sud de la France se poursuivent à un rythme élevé, avec une telle qualité que les Américains de peuvent que se louer des services rendus. Le 29 avril, un coup du sort frappe à nouveau l'escadrille, avec la disparirion du lieutenant Aglany, sur son P-38 3124.

Afin d'élargir son grand d'action, la hache se déplace le 8 mai 1944 à Alghero en Sardaigne, puis, le 17 juillet, elle aborde une part du territoire national en se basant à Borgo, près de Bastia, en Corse. De là, l'escadrille peut procéder à une exploration systématique du sud de la France en remontant la vallée du Rhône bien au-delà de Lyon. Ses missions se replacent dans la préparation du futur débarquement allié en Provence.

Disparition d'Antoine de St-Exupéry

Ayant à nouveau rejoint son escadrille, le commandant Antoine de Saint-Exupéry prend sa part dans la réalisation des nombreuses missions de reconnaissance à haute altitude demandées par le haut commandement : en juin et juillet, il réalise 9 missions de guerre. Le 31 décembre 1944, à 8h45 du matin, Saint-Exupéry décolle de Borgo aux commandes de son F-5 B 42-68223, pour réaliser la mission 33S-176, soit un mapping dans la région est de Lyon. A 13h, il n'est pas rentré ; à 15h30, il est certain que son appareil ne peut plus être en l'air, ce qui oblige l'officier de liaison américain, Vernon F. Robinson, à clôturer son rapport par la mention : "le pilote n'est pas rentré ; présumé disparu". Avec le temps, cette présomption devient certitude : Saint-Exupéry ne rentrera plus. Sa dernière œuvre, Citadelle, restera à tout jamais inachevée.

Extrait du cahier de marche de l'Escadrille :

31/7 : Un bien triste événement vient ternir la joie que nous éprouvions tous à l'approche de la Victoire : le Commandant de Saint Exupéry. Parti à 9h. pour la Savoie sur le 223, il n'était pas rentré à 13 heures. Les appels Radio restèrent sans réponse et les Radars alertés le cherchèrent en vain. A 14 h. 30 il n'y avait plus d'espoir qu'il fut encore en vol.
Nous perdons en lui, non seulement notre camarade le plus cher mais celui qui était pour nous tous un grand exemple de foi. S'il était venu partager nos risques malgré son âge, ce n'était pas pour ajouter une vaine gloire à une carrière déjà magnifiquement remplie, mais parce qu'il en sentait, pour lui-même, le besoin. Saint Exupéry est de ces hommes qui sont grands devant la vie, parce qu'ils savent se respecter eux-mêmes.
Bien sûr, nous avons tous le grand espoir de le revoir bientôt ; le destin ne dispose pas ainsi d'un homme armé d'une expérience de 7000 heures de vol, et qui a résisté à tant de coups durs. Il peut être posé en Suisse ou camouflé dans le maquis savoyard ; si même il est prisonnier, ce n'est plus pour bien longtemps. Mais nous pensons tous à cette joie qu'il n'aura pas de rentrer en France libérée avec nous.
...
A dîner à la villa, le Colonel Barales et Cdt. Martin, chefs des services de ravitaillement Français en matériel américain, accompagnés de deux Officiers Américains : le Cne. Lachelier, un Français naturalisé Américain, et le Colonel Rockwell, un grand ami de la France à laquelle il a donné beaucoup de lui-même : engagé à la Légion Etrangère en 1914, il a participé avec son frère à la fondation de l'Escadrille Lafayette, s'est engagé de nouveau pour la guerre du Rif, et est revenu offrir ses services à la France en 1939. Il est comme ses compagnons, grand ami de Saint Ex, qu'ils venaient spécialement voir ce soir, et ils sont navrés de la triste nouvelle.

La France

Le 15 août 1944, la réussite du débarquement en Provence ouvre à la Hache la route de la France métropolitaine.
C'est au Commandant Gavoille que reviennent l'honneur et la fierté d'être le premier pilote de la Hache à se poser en France continentale, le 19 août 1944, à Ramatuelle. Le 1er septembre, c'est au tour de l'escadrille au grand complet de se poser au Luc avec ses 7 appareils en état de vol. Le 7 septembre, elle rejoint Valence pour lancer ses avions vers le nord-est de la France.
La montée vers le nord-est est rapide : le 26 septembre, la Hache se trouve à Dijon. A partir de cette date, elle commence à acquérir une certaine autonomie en se séparant du 23rd Photo Squadron qui l'avait accompagnée jusque là au sein du 3rd Photo Group. Dijon sera une courte étape : le 2 novembre, l'escadrille se déplace à Nancy-Azelot. Les derniers mois de l'année 1944 sont consacrés à des reconnaissances sur la vallée du Rhin.

DECORATIONS

LA HACHE AUJOURD'HUI